Sujet du post :     Valve mecanique et grossesse

Bonjour,

Oui j'ai eu mes 2 enfants avant le remplacement de la valve mécanique.
Jai la valve mécanique depuis 2016 après l'accouchement de mon 2ème.

Bonjour, j'avait une valve tissulaire en 2009 apès mon accouchement, mais, maintenant j'ai une valve mécanique et j'aimerais avoir un autre enfant avec mon mari, mais mon cardiologue me dit que cela est impossible.
Je suis décourager de ne pas donner naissance. J'ai très envie d'avoir un bébé. Pouvez vous m'aider s'il vous plait. Je suis de Nouvelle Calédonie.
Merci pour vos réponses.

Bonjour lili84,
Pouvez vous m'aider s'il vous plait merci.
Qui etait votre cardiologue ?
E t j'ai d'autres questions aussi.
Merci

Si vous êtes porteuse d'une valve mécanique et que vous souhaitez avoir un bébé, vous vous posez sans doute beaucoup de questions. Vous allez lire la littérature scientifique sur le sujet, chercher des statistiques, des témoignages, interroger votre cardiologue, mais vous aurez au final assez peu d’éléments pour choisir de vous lancer ou non. Même si vous êtes probablement suivie par une formidable équipe de cardio (sans cela, ce n'est même pas la peine d'envisager le projet), une grossesse avec valve mécanique reste un événement exceptionnel, sur lequel il y a peu de recul. Alors voici mon expérience, avec tout ce que j'aurai aimé savoir avant de me lancer.

C'est une grossesse à risques, vous le savez. Mais qu'impliquent concrètement ces risques ?
- Dans le pire des cas, que vous mourriez, vous et/ou votre bébé, et que vous laissiez votre compagnon tout seul. Êtes vous prête à jouer à la roulette russe et à encaisser ce stress tout au long de votre grossesse ? Si oui, mettez vos affaires en ordre. En cas de pépin, c'est un grand soulagement de savoir qu'on a laissé quelque part une lettre à ses proches pour dire au revoir, et qu'ils n'auront pas à se prendre la tête pour vos obsèques. Ne faite pas l'autruche en espérant simplement que tout se passera bien.
- Votre situation cardiaque peut être complètement déstabilisée par votre grossesse. Votre espérance de vie et votre qualité de vie peuvent en prendre une claque. C'est mon cas, alors que je partais d'une situation cardiaque parfaitement stable, la grande forme, je pouvais faire des rando sans problème et je travaillais à 100%.
- Votre bébé peut avoir des problèmes de santé lourds en raison de cette grossesse à risque. Du fait des AVK, si vous faites le choix de maintenir ce traitement pendant votre grossesse, mais aussi du fait d'une naissance prématurée.

Tout cela, aucun praticien ne vous le dira aussi crûment, mais voilà ce qu'implique concrètement le mot « risque ». Vous pourrez sans doute sur les forums voir des témoignages encourageants de grossesses qui se sont plutôt bien passées. Scoop : les personnes pour qui ça a vraiment foiré n'auront jamais l'occasion de témoigner.

Si malgré tout vous décidez de vous lancez dans l'aventure, voici 14 choses que j'aurais aimé savoir :

0/ Un pré-requis de base : on ne prend pas son cardio au dépourvu avec un petit fœtus surprise Si vous avez un désir de grossesse, attendez le feu vert de votre cadio et rencontrez au préalable le gyneco qui vous suivra pendant votre grossesse, en partenariat avec l'équipe cardio. Donnez aux équipes soignantes le temps de réfléchir à votre dossier, de mettre en place la meilleure stratégie, et de se coordonner.

1/ Vous serez seule face à votre angoisse. Vous n'aurez aucun soutien psychologique. Personne ne voudra entendre vos peurs sur cette grosses à risque dans votre entourage. Vous aurez le droit des phrases toutes faites « Mais non ça va aller, tu es bien suivie », « C'est tellement merveilleux la grossesse »...Il va falloir être solide dans votre tête.

2/ Ne jouez pas les braves, si votre cardio ou votre gynéco vous propose un arrêt de travail, acceptez d'être arrêtée très tôt, même au premier trimestre. Même si vous avez l'impression que ça va. Si vous êtes fonctionnaire, pensez à souscrire avant votre grossesse une option dans votre mutuelle ou une assurance qui garantit le montant de votre salaire pendant tout la durée de votre arrêt, sinon vous tomberez à mi traitement dès le troisième mois d'arrêt maladie.

3/ Vous devez anticiper l'impact de cette grossesse sur votre situation professionnelle et celle de votre compagnon. Il est peu probable que vous puissiez reprendre votre travail normalement immédiatement à l'issue de votre congé maternité. Pourrez vous prendre un congé parental ? Passer à temps partiel ? Et votre compagnon, peut il se libérer ? Si vous et votre bébé êtes hospitalisés plusieurs semaines après l'accouchement, pourra t'il être auprès de vous ?

4/ Lovenox ou maintien des AVK pendant votre grossesse ?
Il n'y a pas de bon choix, les deux comportent des risques. Tous les hôpitaux ne suivent pas le même protocole, alors suivez simplement ce qu'ils ont l'habitude de faire, ça vous évitera un choix impossible.

5/ Si vous optez pour le Lovenox, vous devrez faire des analyses anti-xa régulièrement pour en vérifier le dosage. En cas de difficulté à équilibrer le traitement, cela peut être une à deux fois par semaine. N'espérez pas faire votre analyse en laboratoire de ville. C'est une analyse qu'ils pratiquent peu, les délais pour obtenir les résultats sont de plusieurs jours, et les résultats peu fiables. Vous devrez faire votre analyse dans le centre de prélèvement de l’hôpital le plus proche. Vous habitez comme moi à 1h de route de l’hôpital ? Ne sous-estimez pas à quel point cette contrainte va vous peser. Dans tous les cas, prenez contact avec le service qui peut effectuer votre analyse pour connaître les modalités de prélèvement avant de tomber enceinte.

6/ Ne traînez pas dans les préparatifs pour votre bébé. Passé la période la plus à risque de fausse couche du premier trimestre, préparez tous les éléments indispensables pour accueillir votre bébé. Vous ne savez pas dans quel état de forme vous serez sur les mois suivants, et vous avez un risque d'accoucher prématurément (7 mois de grossesse en ce qui me concerne, alors que tout allait bien jusque là).

7/ Votre compagnon ou une personne de confiance proche de votre domicile doit être joignable à tout moment pendant votre grossesse. H24, 7j/7. A la moindre alerte, au moindre doute, vous devez pouvoir être emmenée aux urgences de votre centre de référence. C'est du bon sens, mais ça implique donc que vous restiez proche de votre hôpital tout au long de votre grossesse. Pas de petite escapade à 500km de votre cher cardiologue, même s'il ne vous l'interdira pas formellement, parce qu'il est sympa votre cardio.

8/ Il est possible que vous ayez des saignements gyneco pendant votre grossesse, du fait des anticoagulants. La quantité de sang perdue ne présage en rien de la gravité de ces saignements.
Au quatrième mois, j'ai perdu énormément de sang brutalement, j'ai cru à une fausse couche. Il n'en était rien, il s'agissait d'un saignement parfaitement bénin, qui a duré plusieurs jours.
A l'inverse, au 7ème mois, j'ai perdu quelques gouttes de sang. Par acquis de conscience je suis allée vérifier aux urgences...une césarienne d'urgence a du être pratiquée. Du fait des anticoagulants, vous êtes à risque de faire un hématome placentaire, qui engage votre pronostic vital et celui de votre bébé. Un hématome ne fait pas mal, ne fatigue pas., ne prévient pas, donc au moindre petit saignement, on file aux urgences.

9/ Vous ne serez pas suffisamment alertée sur le risque d'avoir un bébé grand prématuré. Si votre cœur tolère mal la grossesse, ou si comme moi vous faites un hématome, vous serez déclenchée tôt. Avoir un bébé hospitalisé plusieurs semaines/mois en néonatologie est très éprouvant. Si vous avez la chance de ne pas être hospitalisée trop longtemps après votre accouchement, quelles solutions aurez vous pour rester auprès de votre bébé ? Et votre compagnon ? Renseignez vous en amont sur les dispositifs de type « maison des parents ».

10/ Que vous accouchiez par voie basse ou pas césarienne, ne croyez pas que vous serez sur pied comme n'importe quelle maman quelques jours après. La reprise des anticoagulants se fait progressivement et peu prendre une dizaine de jours. Cette reprise des anticoagulant peut entraîner des complications au niveau de la césarienne (hématomes notamment). En ce qui me concerne, malgré une césarienne réussie et l'absence de complications majeures, je suis restée 1 mois en fauteuil roulant.

11/ Ne sous estimez pas à quel point ce sera dur psychologiquement d'être séparée de votre bébé après l'accouchement. Pour diverses raisons, cela peut arriver : vous devez être hospitalisée plusieurs jours en cardiologie et votre bébé a besoin de soins dans un service de néonatologie par exemple. Vous aurez absolument besoin que votre compagnon puisse être disponible à 100% pour rester auprès de votre bébé. Pour vous, il est donc préférable qu'une autre personne de confiance puisse venir vous épauler durant votre hospitalisation.

12/ N'allaitez pas. C'est dur, et aucun praticien n'aura le cœur de vous l'interdire si vous souhaitez le faire. Vous allez avoir besoin de beaucoup de repos, et l'allaitement fatigue bien plus que de donner le biberon. Votre bébé a besoin de sa maman, ne vous mettez pas en danger en ajoutant un surcroît de fatigue qui peut être évité, aussi magique que puisse être l'allaitement. En ce qui me concerne, j'ai déclenché mon premier épisode de fibrillation auriculaire 1 mois après l'accouchement, en raison de la fatigue accumulée.

13/ Prévenez votre entourage, en dehors de la famille très proche, qu'il n'y aura pas de visites à la maternité, ni immédiatement après votre retour à la maison. Même « juste pour un petit coucou », « juste pour un petit café ». Ne cédez pas à la pression. Repos, repos, repos !

14/ Faites vous aider plusieurs semaines après votre retour à la maison, une fois que votre compagnon aura repris le travail. Pas juste quelqu'un qui se propose de faire deux trois courses dans la semaine. Non, vraiment aider. Quelqu'un qui est là pour faire vos courses, vos repas, votre ménage, votre lessive, et qui peut éventuellement garder le bébé si vous avez besoin de faire une sieste. Ce n'est pas agréable de ne pas pouvoir gérer tout toute seule, mais là encore, votre bébé a besoin de vous, ne vous mettez pas inutilement en danger en accumulant de la fatigue.

Comme vous le voyez, le tableau est assez noir, ce n'est sans doute pas ce que vous avez envie d'entendre, et j'espère que de nombreux témoignages plus positifs viendront contrebalancer mon expérience.
Ma petite fille, née grande prématurée en 2023, est en parfaite santé et me comble de bonheur. Mais après toutes ces épreuves, je sais qu'elle n'aura jamais de petit frère ou de petite sœur, je ne jouerai pas une deuxième fois les kamikazes.
Si vous souhaitez un bébé par dessus tout, réfléchissez sérieusement à une GPA. Malgré les problèmes éthiques que cela pose, et toutes les contraintes de ce projet, ce sera probablement le meilleur investissement de votre vie. Et si vous avez déjà des enfants, renoncez à cette grossesse, vos enfants ont besoin de leur maman.