Sujet du post :     études en IFSI

Bonjour,

Mon fils a actuellement 18 ans, il est atteint d'une cardiopathie complexe opérée plusieurs fois, et il passe le bac cette année .
Il a dans l'idée de passer le concours pour entrer en IFSI, mais se décourage par les commentaires sur le côté trés lourd de cette formation , et aussi que son expérience d'hospitalisé n'est pas forcément une bonne chose, car trop centré sur lui dans ses motivations.Je suis un peu perdue, lui aussi .
Il me semble que certains ou certaines d'entre vous sont infirmiers ou infirmières, qu'en pensez-vous ?
Est-il raisonnable de penser qu'il peut y arriver, ou bien vaudrait-il mieux qu'il fasse un autre projet?
Merci de votre aide.
Catherine

Bonjour Catherine,

Je suis infirmière, j'ai eu mon diplôme en 2003. J' avais alors été opérée 1 fois du coeur quand j'avais 8 ans et passés mes 5 premières années de vie à l'hôpital. J'ai adoré ma formation.J'ai passé le concours, "en touriste" avant d'avoir eu le bac et j'ai réussi. Autour de moi, tellement de monde me disait qu'il fallait faire une prépa avant, que je ne m'attendais pas à être reçue. J' y allais pour savoir comment ça se passait et me faire une expérience d'un 1er concours.

L' écrit s'est bien passé. J' ai lu un bouquin de test psychotechnique pendant 4h juste avant le début du concours pour me mettre au parfum. (pour moi la révision du bac était plus important que savoir faire des tests psychotechniques!)
Admissible, j'ai eu accès à l'oral: un entretien avec psychologue, infirmière et formatrice sur un sujet dans le domaine de la santé (pour moi: l' euthanasie passive). J' ai choisi de jouer l' option franc jeu et à la question "pourquoi faire ce métier?" j'ai répondu, malade petite, j'ai beaucoup vécu dans les hôpitaux et cela m'a donné l 'envie de faire ce métier. Je répète, j'y allais vraiment en touriste, je ne savais pas quelle attitude adopter car je n'avais pas d'autres motivations que celle là et je ne sais pas mentir... Pour la présentation du sujet, j'ai fait un speach complètement désorganisé au possible. J' ai appris plus tard qu'il fallait faire "introduction, commentaire, these-antithèse, conclusion!!!) J' étais persuadée de ne pas être prise. Donc tu vois, toute motivation est bonne à dire! Et les idées, avec ou sans forme c'est pas grave!

Concernant le rythme de la formation, c'est assez intensif. Physiquement, psychologiquement et dans les cours. J' ai fait le choix de rester discrète sur mes problème de santé:personne n'a donc jamais rien su pendant toute la formation (ni aujourd'hui d'ailleurs dans mon service).
La formation est difficile, encore plus dans l' école où je l'ai faite il parait. Je n'avais pas internet en 2000 quand j'ai commencé, je ne savais pas que cette formation était dure. Je ne voyais que la finalité du métier.
Si ton fils a une réelle motivation pour ce métier (et pas pour les études), alors oui, je ne peux que l'encourager.
Les études sont dures car il faut pouvoir gérer les journées de stages en horaires décalés (fatiguant au début quand on n'a pas l' habitude) avec les cours à apprendre, les mémoires à faire, les soutenances à préparer, les travaux de recherche. Tout ça en étant au taquet à l'hôpital car le métier d'infirmière passe autant par la théorie que la pratique.


Mais quand on est dans le tourbillon de la formation et de l' école et tant qu'on aime, moi je ne me suis aperçue de rien. Il suffit de bien s'organiser, de travailler régulièrement pour ne pas être pris au dépourvu au dernier moment.
On nous demande beaucoup: stage, rapport, recherche, évaluation régulière.... mais comme dans n'importe quelle autre formation sans doute finallement.
Ton fils a un avantage sur les autres: il connait le monde de l'hopital, les odeurs, les différents personnels et leur relation entre eux... c'est un atout ça!

Depuis, j'ai été réopérée 3 fois en 2008, j'aime autant mon métier. Physiquement il est difficile. Je me demande parfois ce que je fais là. Mais quand je vois tout ce qu'il m'apporte, je me remets très vite en question, j' oublie et pour rien au monde je changerai!! je ne sais même pas ce que je pourrai faire à la place...
Pour gérer cette fatigue, il faut savoir organiser sa vie pour rester au top au boulot. Car c'est un métier où le droit à l' erreur n' existe pas, où les patients ont besoin d' avoir une infirmière en forme et pas qui tire la tronche si elle est fatiguée ;-) .... Cela ne veut pas dire que je n'ai pas de vie à côté du boulot. Mais ça passe par des trucs simples: habiter pas loin de l’hôpital (pratique quand on commence à 6h30 le matin ou qu'on termine à 21h30 le soir!) , la petite sieste d'1/2h après le boulot et ça repart et plein de petit truc facile à faire...

Quand on travaille l' après midi, il y a les bonnes grasse mat' à en faire mourir d' envie ses amis en pleine semaine ;-)

Il faut peut être aussi voir quelle est la vie de ton fils aujourd'hui: fatigué? fatiguable?... se sent il prêt à avoir des horaires décalés (levé aux aurores ou coucher tard en alternance)?? voilà quelques premières questions pour y voir plus clair avant de se décider

Si tu as d' autres questions, réflexions où si je peux vous aider, je suis là!

Bienvenue dans ce monde qui accueille à bras ouvert les InfirmiERS!!

Bonsoir Catherine,

je suis infirmière depuis 3 ans et mon fils, Arthur, c'est fait opéré plusieurs fois, à coeur ouvert, dans sa première année de vie
il est vrai que c'est bien difficile de se retrouver "de l'autre côté"
après, ma situation est différente, car j'étais deja infirmière avant tout ça

la, il s'agit de le devenir, après, ça peut être "positif" d'avoir une expérience qui fait qu'on comprend la difficulté des familles, la douleur, ... on est sans doute plus sensible, plus empathique, mais je ne sais pas si c'est toujours bon non plus

après tout ce que nous avons vécu, mon retour au travail a été difficile, mais c'était mon fils, mon premier bb

votre fils a été opéré jeune ? il faut peut-être le laisser tenter l'expérience ... a lui de voir !

donner nous des nouvelles !

amicalement

Virginie

Virginie, maman d'Arthur (né le 23 novembre 2009 à Bron) : TGV + CIV + atrésie pulmonaire, de Chloé (née le 5 janvier 2013 ) et Solène (née le 8 mai 2014) toutes les 2 en bonne santé

Merci beaucoup de vos témoignages !
Flore-Anne, je me suis permise d'envoyer le tien à mon fils par mail, je l'ai trouvé plein d'optimisme et surtout témoignant d'une réelle joie à faire ce métier .Je crois que c'est ce qu'il a besoin d'entendre .
L'hôpital a été longtemps pour lui sa deuxième maison, il voue au personnel une admiration sans bornes, et bien sûr son choix de métier est intimemement lié à son expérience de vie, mais n'est ce pas
ainsi pour beaucoup, quelque soit le domaine ?
Pour ce qui est de la fatigue, je dirais qu'il est fatigable, mais plus ou moins suivant le contexte !! Le lycée l'ennuie plutôt et il affirme que face à quelque chose pour lequel il serait motivé, il serait différent ! Il fait souvent la fête,comme les copains,et récupère comme eux .
C'est fort possible !! Pour les horaires décalées, je pense qu'l n'aurait pas plus de souci que quiconque .
Quand tu as passé l'oral, t'a-t-on demandé le pourquoi de ce temps passé à l'hôpital ? Les cardiopathies font peur en général, le jury n'aurait-il pas la crainte de voir arriver un étudiant susceptible de tomber malade, ou un professionnel plus fatigable que d'autres ?
Merci encore
Catherine

Bonjour Catherine.

Je suis comme ton fils je vous une admiration sans bornes à tout le personnel soignant qui m'a sauvé des griffes de la mort que se soit à Cognac à Haut Lévêque enfin à Cardiocéan La Rochelle.Sans eux je ne saurais plus de ce monde. Je comprends que ton fils veuille faire infirmier ou médecin.Si j'étais plus jeuene je me serais lancé dans des études d'infirmiers ou de médecine.Quand on est passé par là ou nous sommes passés on se dit que l'on peut aider un petit peu les autres...

Gros Bisous.

Vincent.

Vincent.

5 comas hypoglycémiques, opéré 14 fois dont la dernière à coeur ouvert le 27 novembre 2006 d'une technique de Bentall avec remplacement de la valve aortique par une valve biologique suite à un anévrisme de Valsalva plus début de rupture du sinus de Valsava dans l'oreillette droite.Depuis ça va bien.
Mon blog:http://kiki16130.skyrock.com/
L’important quand on est en guerre, ce n’est pas d’être poli mais c’est d’avoir raison.
Winston Churchill

Catherine,

Lors de mon oral à l' IFSI, je crois leur avoir dit que j'avais une malformation cardiaque opérée et qu' à ce jour j'allais bien et que j'avais une vie normale. Je ne me souviens pas qu'ils m'aient posé d' autres questions.... en tout cas, ils ne m'ont pas embêté avec la réponse que je leur ai donnée.
Ils m'ont demandé en revanche comment je voyais le fait de travailler en horaire décalé, si c'était un problème ou une contrainte pour moi.

Je pense effectivement que quand on se plait dans son métier, on s' adapte aux contraintes.
La fatigue est souvent là, mais quand je travaille, bizarrement elle "disparaît" ou je ne la perçois pas comme telle. Je suis concentrée dans le feu de l'action et je n'y pense pas. C'est en rentrant chez moi, que je commence par dormir et tout va mieux après! Ma 2e journée peut commencer (ça c'est pour quand je travaille le matin et que le réveil sonne à 5h30 lol).

Bonjour Catherine,
J'ai été opérée petite d'une cardiopathie, il y a 33 ans.
Je comprends ton fils.
Nous, les cc, on a une rage de vivre, qui fait qu'on veut toujours en faire plus... pour se prouver, surement, qu'on est plus fort que les autres...
Moi aussi j'ai fait des études où je me suis surpassée, en hôtellerie restauration ou je courais 70h/semaine...
C'était ce que je voulais faire à l'époque... et puis la vie a fait que j'ai rencontré mon mari et ce métier n'allait plus avec la vie qu'on voulait mener.
Du coup, je fus assistante de direction, poste administratif beaucoup moins épuisant physiquement mais toujours très prennant moralement (responsabilités...).
On veut toujours en faire plus, oublier notre maladie...
Pourquoi l'en empêcher, si c'est sa raison de vivre, qu'il le fasse... pas de doute à avoir.
Sa maladie un jour lui rappelera qu'il n'est peut-être pas fait pour être infirmier, tant pis, il changera alors peut-être de métier...
On ne peut pas prédire l'avenir, si c'est son souhait le plus cher que de faire ce métier, il faut le soutenir. Il doute ? c'est normal ! qui à son âge n'a pas douté ???
C'est mon avis.
Bon courage,
Marion

Marion, née en 1977. TGV corrigée avec Rashkind, Blalock Hanlon puis Mustard en 1978 (détransposition mais à l'étage atrial, au niveau des veines, du coup, coeur inversé) et sténose des veines pulmonaires gauche suite à l'opération (poumon gauche ventilé mais plus perfusé).
Aujourd'hui maman heureuse et comblée de Coralie (née en 2004) et Emy (née en 2008).