Bonjour aux porteurs de défibrillateur cardiaque,
Préambule :
Le cas d'un enchaînement de chocs de défibrillation mérite d'être traité sur ce forum et la règle de bonne pratique devrait être définie par la HAS/Afssaps, puis communiquée au corps médical et aux patients concernés (ce qui imposerait la création d'une « banque nationale de données porteurs de défibrillateur cardiaque » : matériels implantés (avec n° de série), nom, adresse postale et/ou électronique).
En 2009, l'éminent cardiologue rythmologue Bernard DODINOT, traitait ce point extrêmement pertinent (site web : STIMUCOEUR) : « faut-il confier un aimant au patient ? »
Exposé du problème :
Quand survient la rupture du fil de la sonde, où que l'impédance (repérée pas très bonne au cours d'un contrôle périodique) finit par se dégrader au delà d'une certaine valeur, des cas rares mais bien réels, le défibrillateur fait alors le travail qui est le sien : il déclenche un choc électrique de défibrillation, comme le rétablissement d';un bon rythme cardiaque n'est pas constaté, il recommence, et ainsi de suite (certaines pannes pourraient conduire au même phénomène).
Ces chocs intempestifs sont pour le moins désagréables, voire douloureux, peuvent être dangereux sur un coeur qui n'en a pas besoin à ces moments, et ils puisent beaucoup l'énergie de la pile !
C'est pourquoi je relaye sur heartandcoeur (simple bénévolat), dès que j'en prend connaissance, tout message d'information importante de sécurité, diffusé par l'Afssaps, exemple : message du 23-03-2009/lettre du 18 mars 2009 provenant du Fabricant Medtronic, pour les sondes Sprint Fidelis).
Quels ont les risques et les conséquences possibles?
Le post de MAMYS51, en date du 7.01.2010 est un témoignage précieux :« le 3.12.2009, la sonde de mon défibrillateur s'est cassée et j'ai subi plus de 30 chocs sans comprendre ce qui m'arrivait, cela a duré plus d'une heure en présence du SAMU qui paniquait... Il a fallu attendre la venu d'une autre personne avec un aimant pour tout stopper...c'est en soins intensifs que l'on m'a appris que j'avais une sonde Fidelis, qu'elle s'était rompue et que j'aurai due être prévenue et contrôlée parce qu'eux avaient fait revenir tous leurs patients...J'ai été réimplantée mais je garde en moi cette sonde cassée, depuis je vois régulièrement une psy car j'ai vraiment cru que j'allais mourir...Je suis restée consciente tout le temps...de plus une demi heure après je devais prendre ma voiture ! Quel dégât aurait pu se produire ?
Pour B. Dodinot (site STIMUCOEUR) : « Plusieurs dizaines de choc - défibrillateur HS - j'ai découvert récemment ce cas de figure qui aurait pu être évité si le patient avait disposé d'un aimant pour l'appliquer contre son défibrillateur, après le deuxième choc manifestement inopiné !»
Quelle solution est-elle possible (site STIMUCOEUR) ?
L'application d'un aimant désactive les défibrillateurs. En cas de choc manifestement intempestif, il suffit d'appliquer un aimant contre le boîtier pour interrompre les « secousses ».
Quel est l'avis de certains praticiens (avis du Docteur Dodinot) ?
« Pourquoi ne pas remettre un aimant aux patients pour assurer un traitement d'urgence en cas de rupture de fil pouvant survenir en dépit d'une surveillance irréprochable. Cette proposition ne figure nulle part dans les recommandations, elle mérite d'être suggérée.
Il faut souvent plusieurs heures avant d'accéder à l'aimant salvateur ou au programmateur pouvant désactiver le défibrillateur leurré par la rupture de la sonde. Ce secours aimanté en extrême urgence peut éviter un orage rythmique catastrophique s'il se termine par un épuisement du défibrillateur après des chocs itératifs.
Encore faut-il que le patient comprenne la démarche et que la présence de ce secours aimanté ne soit pas psychologiquement plus nuisible qu'utile. A chaque médecin de prendre position pour rejeter ou accepter l'idée et la soumettre à un certain nombre de patients dûment sélectionnés. »
Quelle attitude adopter ?
Si j'étais porteur d'un défibrillateur (avis simplement personnel de JC Salles):
1°) Je m'abonnerais à la réception par mail des messages de matériovigilance diffusés par l'Affsaps (c'est gratuit, mais pas très simple pour certaines personnes de cocher les bonnes cases afin de limiter les messages électroniques au seul sujet d'intérêt). Si je venais à être concerné par l'un, je m'assurerais que mon cardiologue rythmologue l'a lui aussi reçu (curieusement, au moins un certain nombre de cabinets de cardiologues, parfis même des cliniques spé@#$%&ées, ne semblent pas recevoir systématiquement et surtout dans les meilleurs délais, ces messages, du moins s'ils n'ont pas fait implanter un des modèles de DMIA (stimulateur ou défibrillateur cardiaque) objet du message de matériovigilance (mais la sécurité des patients de passage concernés ?) !
2°) Selon la teneur du message d'information importante de sécurité, je prendrais sans tarder un rendez vous rapprochée avec mon cardiologue ou le centre d'implantation, pour en discuter.
3°) Je demanderais au fabricant de mon défibrillateur de me vendre un aimant approprié, et je l'emporterais toujours avec moi, rangé loin de la partie du corps où est implanté mon défibrillateur. Mon rythmologue devrait m'indiquer dans quel cas et quelles conditions utiliser l'aimant (c'est qu'il est vital de ne pas interrompre les chocs déclenchés par le défibrillateur s'ils répondent à un réel besoin du c½ur !), et comment l'apposer au niveau du défibrillateur (durée d'apposition) ;
4°) Je mettrais dans mon portefeuille, agrafée avec ma carte de porteur de défibrillateur, une copie du message d'alerte qui concerne mon défibrillateur où ses sondes, et une fiche du mode opératoire pour emploi de l'aimant destiné à faire cesser un enchaînement de chocs électrique de défibrillation.
5°) Dès le 2° choc, l'appel au SAMU me semble indispensable, si ce n'est établir un contact téléphonique dès après le premier choc ressenti.
Quels avis contradictoires peuvent estimer les médecins (propos du blog site STIMUCOEUR) ?:
« Donner un aimant au patient, je ne le pense pas. Les chocs peuvent être appropriés comme inappropriés. Ce n'est pas le patient qui peut le définir (il faut un tracé ECG etc.), même s'il y a des éléments d'orientation. L'application d'un aimant pour empêcher la délivrance des thérapies peut effectivement être extrêmement utile, mais la décision doit être prise par un médecin après un diagnostic précis de chocs inappropriés. Par contre, je pense qu'en matière de défibrillation (à la différence du PM, car dans la plupart des cas les patients ne sont pas dépendants...), il est difficile de laisser en place une sonde "douteuse", car on sait que cela peut être la cause de problèmes gravissimes (chocs inappropriés responsables d'une véritable Fibrillation Ventriculaire...). Mon conseil serait donc : si sonde véritablement "douteuse", pas d'aimant au patient, mais changer la sonde.
Que penser de ces positions très différentes ?
J'ai fourni tous les éléments, à chacun de faire son choix et d'en discuter avec son cardiologue rythmologue, qui lui seul connaît tous les facteurs conduisant à un avis éclairé (pathologie, état général du patient, capacité et compétence du patient (et/ou de ces proches) à intervenir avec un aimant, aspect psychologique, mais c'est vrai que l'on a pas droit à l'erreur !
Ne pas oublier que l'on peut difficilement généraliser le cas de tous les patients.
Salutations cordiales, Jean Claude SALLES.
PS 1°) Le guide des aimants (par marque et modèle de pacemaker et défibrillateur cardiaque) édité par STIMUCOEUR, détaille l'effet d'application d'un aimant (durée d'apposition, réactivation, etc.).
2°) Dans mon livre dédié à « La sécurité des porteurs de dispositif médical implantable actif (stimulateur et défibrillateur cardiaque, autres dispositifs », un chapitre traite du cas particulier du choc de défibrillation (simple, et quand ils sont enchaînés), notamment pour la vie courante, le travail, la pratique du sport et des loisirs, etc.
Enfin il est utile de rappeler que SIMUCOEUR est : un trésor permanent d'informations pour les cardiologues rythmologues, enrichi tous les mois, toujours sans égal (a cessé d'exister en 2008 je crois) !
Modifié 3 fois. Dernière modification le 21/11/12 19:33 par Jean Claude SALLES.