Bonjour Céline,
Ma fille est née avec une hypoplasie du ventricule gauche. Nous l'avons découvert 30 heures après sa naissance. Grossesse parfaite, accouchement parfait... Elle était éveillée et paraissait en bonne santé lorsqu'elle est née. Nous avions annoncé la bonne nouvelle à tout notre entourage et avions déjà reçu pleins de félicitations. Elle a commencé à respirer avec difficulté un jour après sa naissance. Bien sûr, nous ne savions pas ce qui nous tombait sur la tête et nous avons été sonnés lorsque les médecins nous ont annoncé qu'elle était inopérable. La malformation était si importante qu'ils leurs aurait fallu procéder à deux opérations supplémentaires avant la première intervention de Norwood. Les chances de succès étant très limitées... et en plus, elle ne pesait que 2.8kg...
Donc, de notre côté y avait pas de décision à prendre du tout... Son destin était de venir au monde et de vivre 4 jours.
Ce que je peux te dire c'est que l'évaluation des médecins peut évoluer après la naissance du bébé. La "stratégie" proposée prend aussi en compte la manière dont le bébé réagit. on peut t'annoncer un tableau plus noir pendant ta grossesse que ce le sera en réalité après la naissance ou vice et versa.
Il y a d'abord une décision médicale et si la réponse est oui, alors intervient ta décision et celle de ton conjoint. Dans notre cas, la décision médicale était non, alors nous n'avons pas eu à trancher. Mais pendant les quelques heures d'attente, nous avons eu le temps d'y réfléchir. Et nous avions décidé très douloureusement de ne pas persévérer si les médecins acceptaient de l'opérer, pour trois raisons: 1. Les opérations (très lourdes) ne font que retarder une issue fatale. Bien sûr personne ne peut estimer la valeur d'une vie à sa longueur. Ce qui m'amène au pont 2: quand j'ai vu ma fille sur son lit d'hôpital piquée par tous ses fils et séparée du corps de sa maman, j'ai immédiatement vu qu'elle souffrait et j'aurais été incapable de le supporter des années. 3. C'est toute la famille qui encaisse la douleur, il fallait aussi penser à son grand frère, à notre relation de couple.
Cette malformation est une voie sans issue. A toi d'entrevoir le meilleur des scénario dans le pire des films. Pour certains, il est inenvisageable de ne pas se battre et de tout essayer pour sauver la vie du bébé. Pour d'autres, mieux vaut tout arrêter le plus tôt possible. Pour d'autres comme moi, mieux vaut intervenir le moins possible en laissant la nature accomplir ses desseins. Quelques soit la décision que tu prennes, je te souhaite beaucoup de forces.