Sujet du post :     Cardiopathie congénitale et...maltraitance

Bonjour à toutes et à tous,

Cela fait un petit moment que je suis inscrite sur le forum, je partage mon expérience ou mes questionnements avec vous, qui avez une cardiopathie congénitale ou qui a un enfant qui en présente une. Certains diront peut être que ce n'est pas le lieu pour parler de ce sujet, mais moi je pense que si.

J'ai une cardiopathie congénitale, elle a été découverte à ma naissance et pas avant (je suis née en France, de mère Française et de père maghrébin). Il y avait le choix de m'opérer soit à la naissance, mais cela aurait nécessité plusieurs opérations jusqu'à la fin de ma croissance, ou alors, attendre la fin de ma croissance. Ce fut le premier désaccord de mes parents me concernant, ma mère voulait attendre, mon père voulait me faire opérer pour pouvoir rentrer au pays. Avec le recul et un suivi psychologique, je pense que cette cardiopathie a beaucoup joué dans cette maltraitance que j'ai subie. Je ne sais pas quand cela a commencé, en fait je ne m'en souviens pas. Je sais juste que j'étais petite, cela a commencé avec des problèmes à m'alimenter, j'avais peu d'appétit, comme certaines maman en témoigne ici avec leur bébé ou leur enfant. Les repas étaient devenus un calvaire, je mangeais lentement, j'avais du mal à avaler, et je devais finir mon assiette coûte que coûte, sinon je savais ce qui m'attendais : gifles et parfois jusqu'aux coups de grande cuillère en bois (qui se cassait parfois sous les coups), si je vomissais, mon père me resservais une autre assiette que je devais finir malgré que j'avais vomi avant, il m'enfermait dans les toilettes dans le noir...à la violence physique s'ajoutait de la violence psychologique, il me mettait toujours bien à côté de lui à table et scrutait le moindre de mes gestes, et lorsque je mâchais trop longtemps, il m'ordonnait d'avaler, je m'aidais donc parfois avec une gorgée d'eau, alors il enlevait l'eau. J'avais trouver comme solution de cacher des aliments dans ma serviette ou ailleurs...Un jour je me suis fait prendre, il a voulu me brûler le doigt.

Un jour il a décidé de retourner au pays j'avais 9 ans. il se foutait de ma cardiopathie, je l'empêchait d'y retourner depuis que j'étais née de toute façon. J'avais peur pour ma santé. Nous sommes resté un an et quelques là-bas. La maltraitance s'est arrêté durant ce temps là, mais il n'y a dans ce pays ni sécurité sociale, ni prise en charge, je n'étais donc pas surveillée pour ma cardiopathie, j'étais contente car mon père me laissait tranquille mais j'étais "condamnée" si je ne revenais pas en France.
Nous sommes donc revenus, et la maltraitance physique et surtout psychologique a recommencé, en pire. il s'était mis parfois à me priver de manger...elle ne s'étendait plus seulement à mes problèmes d'alimentation, tout était devenu prétexte. Il n'acceptait pas ce que j'étais, et comme je l’empêchais de réaliser ses envies, il programmait ma vie. Je n'avais pas le droit de dire ce que j'en pensais. Lorsqu'il me posait une question, j'avais intérêt de donner la réponse qu'il attendait.

Je m'en voulais de ne pas être "comme les autres", et d'avoir ce c½ur défaillant. Ma mère, j'en parle peu, car elle était devenue complètement soumise, elle ne s'interposait donc pas mais faisait plutôt "l'anguille" en me gardant par exemple de la nourriture en douce ou en ne rachetant plus de cuillère en bois.

A 15 ans, il a voulu retourner au pays. L'évolution de ma cardiopathie faisait que j'étais plus fatigable et plus fragile. Ma saturation était faible, et le moment de l'opération se précisait, le cardiologue avait dit que ce serait tout de même bien qu'on essaye encore d'attendre ma majorité mais sous surveillance. A cette annonce de retourner au pays, et en sachant qu'il n'y a aucune prise en charge, ma mère a enfin réagit, elle avait en tête le divorce pour se sauver mais aussi me sauver car bien plus tard, mon père m'a révélé "j'aurais dû te coincer au pays quand j'en avais l'occasion". J'ai pu être opéré en France au CCML.

Il est important pour moi de briser ce silence, un handicap peut amener du rejet et/ou de la maltraitance, ici c'était en partie ma cardiopathie congénitale.

Merci de ne pas me contacter.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 10/11/13 00:35 par Lilou03.

Bonjour Lilou
j'avoue que ton message ...es terrible et je ne sais vraiment pas quoi te dire.
Jetrouve sa horrible .
je n'est pas compris la phrase : j'aurai du te coince au pays quand j'en avai l'occasion
Maintenant j'espère que sa va mieux
voila je voulais te soutenir et t laisser se message car meme si je ne savait pas trop quoi te dire sa m'a paru important
boncourage a toi

Opérée à 7 mois à coeur ouvert pour cure complete de tétralogie de fallot et transcatheter CIA a 6 ans

Eléa, tu ne sais pas quoi dire et c'est pas grave ! :)

Je n'ai pas posté ce message spécialement pour en dire quelque chose, mais pour qu'il soit lu. Si je brise ce silence (avec des personnes que je ne connais pas sur un forum) c'est pour mettre en évidence jusqu'où peut aller l’inacceptation d'une cardiopathie congénitale ou d'un "handicap". Pour la phrase, mon père voulait dire par "j'aurais dû te coincer au pays quand j'en avais l'occasion" qu'il aurait voulu me coincer au pays, et si je n'avais pas pu rentrer en France, je n'aurais pas pu bénéficier d'une opération à c½ur ouvert pris en charge et avec tous les moyens qu'il y a en France.

En tout cas merci Eléa pour ton soutien, mais heureusement que ce cauchemar est fini depuis 15 ans, aujourd’hui je suis une jeune femme épanouie et forte.

Merci de ne pas me contacter.

Bon jour lilou, votre message est bouleversant à plus d'un titre, en tout premier j’entends bien votre souffrance de ces années là, qui malgré votre jeunesse ont toute la force et la justesse d'un vrai témoignage au quel il faut pleinement donner quitus à la gestion de la mémoire d'enfant, et adhérer à l'authenticité et la réalité des faits que vous révélez dans ce message!!!...; Mais il y a aussi la projection que j'en fait ayant été moi aussi maltraité enfant, et je retrouve tous les éléments constitutifs de la maltraitance qui m'a été faite, la ressemblance des actes et des conditionnements psychologiques se ressemblent énormément, bien que enfant je n'était pas dans votre état de santé, que mes parents étaient des paysans de souche Française, la domination du pervers qu'était mon père sur toute la famille, était semblable pour le peu que révélez dans ce message!.
J'ai le sentiment que très justement il faut parler de cela sur le forum, tous les enfants ne sont pas gâté choyés aimés, loin de là hélas!!!!, En France, chaque année, 95 000 enfants sont signalés comme enfants en danger de maltraitance (chiffres ODAS, 2005), ce n'est pas rien , et parmi ceux là combien ont la santé fragile, malades , handicapés, ce chiffre est sidérant deux enfants meurent chaque jour en France, la situation est la même en pays Anglo-Saxon à +/- ,0,2%....
Merci lilou de nous parler de cette douloureuse situation faite aux enfants, et si j'ose dire, encore plus abjecte lorsqu'il s'agit d'enfants à la santé dégradée, j'ai bien compris le mot "coincé"" au pays ,véritable assassinat programmé mais dissimulé par le père.....
Je vous dis toute ma considération pour votre témoignage et suis heureux de votre état résilient, j'espère de tout coeur que la vie vous apportera tous les bonheurs que vous méritez;

Bien à vous, Geai.

..MALADIE ORPHELINE NON ÉTIQUETÉE A CE JOUR: cardiomypathie dilatée asynchrone hypokinétique, avec bavg complet appareillé du'un défibrillateur triple chambre. Hypertriglycéridémie majeure, asthme, bpco, syndrome de barsony-tieschendorf, syndrome des JSP, syndrome de déficience posturale (SDP) protéinorachie .
carpediem...

Quel témoignage bouleversant qui reflète malheureusement la réalité....

Peu de personne arrive à sortir du silence de la violence... Bravo!

Aujourd'hui tu es épanouie, soignée convenablement comme tout le monde devrait l'être et ça c'est la plus belle des revanche!

Bonsoir,

Effectivement il s'agit d'un témoignage très bouleversant, je ne dirai pas que je suis une mère parfaite mais je fais de mon mieux.
Et face à la maladie c'est insupportable de lire ce genre d'agissement face à des enfants déjà en grande souffrance.

Depuis très longtemps, afin que ma fille se développe correctement, je la "force" à manger car elle n'aime pas ça, mais il n'y a pas de
violence physique, quelques "cris" quand je suis à bout et je culpabilise après!
Comparé à votre passé,

J'espère de tout coeur que votre vie d'adulte se passera bien mieux, vous méritez les plus belles choses maintenant.

Amicalement.

Bonsoir,

@ Geai : C'est "rassurant" (je ne sais pas si c'est le bon mot) de savoir que le schéma de la maltraitance est presque systématiquement le même et à la fois c'est horrible d'entendre que mon témoignage vous fait résonance par rapport à votre propre enfance. Vous parlez de 95 000 enfants signalés pour des faits de maltraitance, et les autres enfants ??? Car il y a ceux qui son signalés par les professionnels ou l'entourage , mais il y a ceux aussi où la maltraitance se déroule à huis-clos, où le parent maltraitant est quelqu'un de très bien vu par l'entourage, comme dans mon cas. Et lorsqu'on est enfant on n'a pas conscience d'être maltraité, on culpabilise énormément et l'on pense toujours que c'est de sa faute, et encore plus quand on est un enfant "malade". Merci pour votre témoignage aussi.

@ Cindy : C'est vrai, il est très dure de sortir du silence, à moi il m'a fallu plus de 10 ans...C'est une libération même si je travaille encore dessus. Vous dites ma "revanche", c'est pas faux, moi je dirais aussi ma renaissance, c'est cette opération du c½ur. :)

Merci de ne pas me contacter.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 13/11/13 09:51 par Lilou03.