Bonjour Maryse,
Je vous ai répondu par mail privé, mais il faut que j'apporte des précisions au profit des autres membres, j'en profite pour compléter ma réponse.
Tout d'abord le mode interférence d'un pacemaker s'enclenche quand le pacemaker reçoit durant au moins quelques secondes des signaux qui sont de nature à le tromper (faire croire à une activité cardiaque plus ou moins bonne), et plutôt que de ne pas générer d'impulsion de stimulation, la stimulation est forcée à une fréquence pré-déterminée pour une durée déterminée et persiste si l'interférence est encore résente, les impulsions de stimulation arrivent au c½ur alors que celui ci bat normalement. Dans le passé, il y avait des risques que la stimulation dans ce mode démarre durant la période vulnérable du cycle cardiaque, et il y avait un risque de fibrillation, mais les fabricants ont fait beaucoup de progrès. Dans les années 90, mon pacemaker posé en 1992, qui a toujours été programmé en mode sentinelle (stimulation seulement quand il y en a besoin) basculait en mode interférence quand je passais entre les portiques anti vol d'un supermarché (seul magasin à avoir ce modèle de portique assez ancien), et je ressentais une sensation désagréable (trouble du rythme cardiaque et de la respiration) qui m'amenait à sortir du portique. Le phénomène avait disparu à partir du changement de ce type de portique dans ce magasin.
Les pacemakers implantés de nos jours sont bien mieux protégés contre les interférences électromagnétiques de notre environnement habituel , et la stimulation en mode interférence s'enclenche plus intelligemment afin d'exclure un trouble sévère du rythme cardiaque.
C'est donc bien un phénomène tout à fait anormal qui se produit sur le pacemaker de votre enfant , et le cardiologue rythmologue qui a constaté ce passage quotidien au même créneau horaire a raison de vous mettre en garde ; c'est d'ailleurs étonnant qu'il ne fasse pas une fiche de matério-vigilance à l 'ANSM (compte tenu du nombre de patients qu'il doit contrôler sans rencontrer ce genre de passage quotidien en mode interférence, qui plus est, au domicile), ce cas d'espèce mérite investigation). Si de nombreux cas de cette nature cas survenaient, il y aurait lieu d'investiguer et que soit vérifié la qualité de l'immunité radioélectrique de cette marque et modèle de stimulateur cardiaque. Il y a trois ans au Japon, une publication médicale avait rendu compte du marquage de l'enregistrement ecg inclus dans un pacemaker, systématique à la mise en marche d'une plaque de cuisson à induction magnétique.
Il est intéressant de savoir comment est configuré ce pacemaker (et comment les sondes sont placées) : simple ou double chambre, alimentation monopolaire ou bipolaire. En monopolaire, le courant d'extrémité des sondes retourne au boitier pacemaker à travers le corps : cette configuration est plus propice à ce que des courants induits provenant d'énergie électromagnétique externe au corps empruntent cette voie ; des courants musculaires naturels peuvent aussi emprunter cette voie. Le filtrage performant à l'entrée des pacemakers actuels et le traitement sophistiqué des signaux entrant, devraient normalement éviter le phénomène qui se produit, au moins dans des situations habituelles de notre environnement.
Que faut-il faire ?
Dresser l'inventaire des appareils et installations électriques susceptibles d'avoir un changement d'état ou qui se mettent en marche durant ce créneau horaire quotidien :
- ce pacemaker est-il suivi à distance par un boitier externe qui transmet un fois par jour à heure fixe des informations (en fait un tel boitier transmet via un téléphone ou est lui même aussi un téléphone type GSM) ?
- Est-ce que l'enfant utilise un doudou contenant de l'électronique ou un aimant , un livre avec aimant ou autre masse magnétique ?
- une lampe à économie d'énergie est-elle à proximité de l';enfant ou dans la pièce ? Certains modèles de fabrication médiocre, ne sont plus conformes aux normes de protection risque physique (champ et ondes électromagnétiques) ou aux normes de CEM existent (encore ?).
- Est-ce qu'il y a des câblages qui passent près du lit : fils électriques, câbles d'ordinateur, coaxial d'antenne TV, etc. (certains câbles de mauvaises qualité sont susceptibles de rayonner anormalement).
- Y-a-t-il durant le créneau de l'anomalie, la mise en marche d'une motorisation de volets, porte de garage ?
- A proximité de la maison, un éclairage public ou privé se met-il en marche (c'est souvent une cellule photo électrique qui commande l'éclairage, plus rarement une horloge de programmation ?
- Est-ce qu'une plaque de cuisson vitrocéramique est mise en fonction ?
- Est-ce qu'un ampli d'antenne TV est mis en marche à ce moment ?
- Est-ce qu'un ordinateur est sous tension et relié en mode wi-fi à une box ( à heure fixe ou presque, il y a une transmission due à la mise à jour de l'antivirus.
- Est ce qu'une communication téléphonique est établie : portable (GSM) ou tel sans fil, durant le créneau.
- Est-ce qu'un téléphone portable est laissé en veille ?
- Est-ce qu'un élément de climatisation est dans la chambre (Split, etc.).
- Est-ce qu'un appareil de chauffage est dans chambre (selon la programmation de l'horloge, la ligne pilote peut changer le mode de fonctionnement, par exemple en soirée pour moins chauffer la nuit).
- Est-ce qu'une ligne électrique aérienne est à proximité de votre maison (parfois même une ligne de faible puissance est mal équilibrée et rayonne...).
A mon avis, avant tout il ya lieu de lever l'ambiguité « pacemaker anormalement sensible aux interférences de notre environnement classique/par rapport à cause externe à identifier ».
Une solution simple pourrait consister à enregistrer en continu l'ECG d'une autre personne bien portante : pose d'un holter par exemple, si le bruit électromagnétique se retrouve sur l'enregistrement, c'est bien que la cause est externe au pacemaker.
Si on pouvait placer près de l'enfant, une personne sous contrôle ECG avec visualisation permanente du tracé ECG on pourrait voir quand le bruitage électromagnétique survient.
Peut-on garantir que la stimulation en mode interférence s'enclenchera toujours sans aucun risque de trouble du rythme cardiaque (le ryhtme spontané étant bon à ce moment, sans besoin de stimulation) ? Il y a tout de même une consommation inutile de l’énergie de la pile durant une dizaine de secondes environ : donc une diminution certes très faible, de la durée d'autonomie du pacemaker !
Pour la mesure in situ du niveau des champs électriques présents dans votre maison, il faut faire appel à un spécialiste de la mesure (domaine affaire de vrai spécialiste) qui possède les appareils couvrant toute la gamme des fréquences avec des sondes performantes (vers 1994 sont apparues des sondes plus performantes qui mesurent le double de niveau par rapport aux modèles antérieurs : j'en ai moi même fait l'expérience). L'INRS à Nancy peut vous communiquer la liste des sociétés qui ont la compétence reconnue pour ces mesures, mais ce genre de prestation est toujours chère.
Peut-être avez-vous dans votre ville, une Agence de l'APAVE dont vous pourriez obtenir le concours gracieux à titre exceptionnel (cette proposition m'avait été faite lors d'une journée scientifique).
Dans votre cas, je ferais coucher un soir l'enfant dans une autre maison (contrôle du pacemaker le lendemain ou quelques jours plus tard), ou à l'hôpital en cardiologie sous ecg durant le créneau horaire : l'ambiguité Pacemaker/cause au domicile serait immédiatement levée : à suggérer à votre cardiologue.
Par contre il faut éviter de placer l'enfant sous contrôle avec le pupitre de contrôle du pacemaker durant toute la durée de ce créneau du soir, mais je ne pense pas que ça vous soit proposé (consommation de l'émetteur inclus dans le pacemaker peut-être pas négligeable pour la durée de l'autonomie de la pile).
Vous pourriez contacter le correspondant Régional du fabricant du pacemaker de votre enfant, et alerter vous même l'ANSM (c'est ce que je ferais, car si fonctionnement du pacemaker est bien normal pour ce qui s'agit du passage en mode interférence, ça reste à prouver).
Si j'étais concerné j'essaierais de faire appel au service de santé d'EDF qui a une solide expérience (Docteur Jacques Lambrozo, docteur Martines Souques qui a déjà fait des études au profit des porteurs de pacemakers et défibrillateurs cardiaques). Vous pourriez peut-être obtenir gracieusement le concours de scientifiques de faculté ou d'une grande école (comme Bernard Veyret directeur de recherche à l'ENCPB à Bordeaux), ou le professeur René De Sèze à l'INERIS (a l'expérience de mesure pour savoir si les personnes peuvent retravailler après la pose d'un pacemaker ou défibrillateur. A Nancy c'est le Professeur Nadi Mustapha ou le Laboratoire électronique de Nancy/Vandeouvre à l'INRS qui pourrait vous aider.
J'ai moi même procédé à des mesures hyperfréquence, mais le vêtement de protection que j'utilisais ne protège que contre les hautes et très hautes fréquences, je pourrais prêter un tel vêtement pour faire un essai quelques soirs, mais aucun intérêt si c'est du courant 50 hertzs qui est en cause.
D'autres porteurs de pacemakers ou défibrillateurs sont-ils confrontés à la même constatation ?
Bonne lecture et salutations cordiales.
Modifié 1 fois. Dernière modification le 05/08/12 20:58 par Jean Claude SALLES.